lecture : Anatolii Evgenevitch Ivanov, Studentchestvo Rossi kontsa XIX-natchala XX veka. Sotsial’no-istoritcheskaya Sud’ba

IVANOV, Anatolii Evgenevitch, Studentchestvo Rossi kontsa XIX-natchala XX veka. Sotsial’no-istoritcheskaya Sud’ba (Les étudiants de Russie, fin 19e début 20e siècles. Destin socio-historique), Moscou, Rosspen, 1999, 414p. C’est bien d’histoire sociale qu’il s’agit dans ce volume très documenté : l’enseignement supérieur en Russie tsariste fait depuis longtemps partie des préoccupations d’A. Ivanov. Et à la fin de l’ouvrage, il nous prévient qu’il ne s’arrêtera pas là : il a l’intention de poursuivre dans le registre associatif, culturel et politique. Continue reading ‘lecture : Anatolii Evgenevitch Ivanov, Studentchestvo Rossi kontsa XIX-natchala XX veka. Sotsial’no-istoritcheskaya Sud’ba’

lecture : Jodelle Zetlaoui, L’universitaire et ses métiers, Contribution à l’analyse des espaces de travail

Zetlaoui, Jodelle, L’universitaire et ses métiers, Contribution à l’analyse des espaces de travail, Paris, L’Harmattan, 1999. L’ouvrage, que nous propose Jodelle Zetlaoui, est un version remaniée de sa thèse de doctorat : Le métier d’enseignant du supérieur : spatialisations et spatialités. Le cas d’une université de la banlieue parisienne, soutenue à l’Institut d’Urbanisme de Paris (université de Paris 12) en 1997. S’inscrivant dans le cadre de l’appel d’offres « Universités et villes » (1990), cette recherche a l’ambition de répondre à deux questions : « quels sont les degrés et les modalités de différenciation des pratiques et représentations socio-spatiales des universitaires ? » et « quelles est l’importance de leurs conditions matérielles de travail et leur environnement social à l’université, dans l’organisation de leur vie professionnelle ? » (p.14) Vaste programme donc, que l’auteur entame par plusieurs constats. Premièrement, elle remarque que c’est généralement à propos de l’entreprise que la question de l’espace de travail est posée. En cela, l’université constituerait un exemple « original » puisque les enseignants bénéficient d’une « grande liberté aussi bien dans l’organisation que dans le choix de ses activités » et que leur environnement de travail est « constitué d’espaces imbriqués les uns dans les autres. » (p.10) Deuxièmement, elle souligne que, pour de multiples raisons, en particulier » épistémologiques et déontologiques », peu de recherches existent sur les enseignants du supérieur et rappelle l’aventure de Pierre Bourdieu quant à son ouvrage Homo Academicus, qui fut publié bien après son écriture. Une fois ces constats faits, l’auteur prend le risque de combler un « vide » et fait fi du danger (petit ?) « de prendre pour objet un mode social dans lequel on est pris » (selon l’expression de Pierre Bourdieu). Continue reading ‘lecture : Jodelle Zetlaoui, L’universitaire et ses métiers, Contribution à l’analyse des espaces de travail’

lecture : Sylvain Henry, L’AGEL-UNEF, 1971-1994, aspects de la recomposition du syndicalisme étudiant à Lyon après la scission de l’UNEF

HENRY Sylvain, L’AGEL-UNEF, 1971-1994, aspects de la recomposition du syndicalisme étudiant à Lyon après la scission de l’UNEF. Maîtrise d’histoire contemporaine. Lyon 2 R. Estier Dir. 263 p (dont 55 p annexes). Si quelques travaux récemment produits traitent de la scission de 1971 de l’UNEF (Anaïs Gérard pour Lyon et Olivier Bianchi pour Clermont-Ferrand vont dans leurs mémoires jusqu’à la scission) commençant ainsi à combler un vide, par contre à notre connaissance il n’y a guère de travaux portant sur le devenir tant national que local des deux branches issues de la scission, sauf de manière incidente. C’est donc le mérite de Sylvain Henry de s’attaquer à ce chantier au prisme du local, en étudiant la branche Renouveau. Pour ce faire, il a pu bénéficier de l’accès aux fonds d’archives (voir descriptif dans ce numéro) tant locales que nationales, et procéder à une enquête par questionnaires auprès d’anciens responsables de l’AGEL. Continue reading ‘lecture : Sylvain Henry, L’AGEL-UNEF, 1971-1994, aspects de la recomposition du syndicalisme étudiant à Lyon après la scission de l’UNEF’

lecture : Françoise Tetard, La co-gestion promue par Maurice Herzog : un modèle ?

TETARD, Françoise, La co-gestion promue par Maurice Herzog : un modèle ?, Rapport FNDVA, Mémoire et racines de la co-gestion, juin 1998, 129 pages.L’association Mémoire et racines de la co-gestion a sollicité Françoise Tétard, historienne, pour qu’elle étudie les différentes pratiques de co-gestion, qui ont émergé vers la fin des années 50. A partir de témoignages d’acteurs de l’époque et d’archives, Françoise Tétard a patiemment reconstruit ce qui fut le support de la politique de la jeunesse. A travers la figure « charismatique » de Maurice Herzog, elle montre comment la cogestion a émergé, a séduit de nombreux mouvements de jeunesse et a progressivement « disparu » des politiques publiques. Il n’est certes pas possible d’apprécier ces différentes étapes en quelques lignes mais on peut en faire ressortir certains aspects. Continue reading ‘lecture : Françoise Tetard, La co-gestion promue par Maurice Herzog : un modèle ?’

lecture : Thierry Lichet, Du développement associatif étudiant comme acteur dans le développement local

LICHET, Thierry  Du développement associatif étudiant comme acteur dans le développement local, Mémoire de DESS de Sociologie appliquée au développement local, sous la direction de M. G. Bertin, Université Catholique de l’Ouest, octobre 1998, 192 pages. Thierry Lichet prend le cas des IUT, en particulier celui de Villeurbanne (69), pour illustrer la réflexion qu’il souhaite mener sur les rapports entre la vie associative étudiante et le développement local. Ancien militant associatif, il tente de considérer les différents apports économiques, politiques et sociaux des associations étudiantes. Vaste programme pour un seul mémoire. Peut-être même un peu trop. En effet, Thierry Lichet aborde trop de thèmes pour qu’il puisse les étudier en profondeur. De plus, comme il le dit lui-même, il développe parfois un discours plus proche de celui du militant que celui du chercheur. Malgré ces restrictions, son travail pose des questions très actuelles et ses remarques ne peuvent que contribuer à la recherche sur la vie associative étudiante. Continue reading ‘lecture : Thierry Lichet, Du développement associatif étudiant comme acteur dans le développement local’

lecture: Alain Tourret, Philippe Nauche, rapport, Les mutuelles étudiantes, quel avenir?

Les mutuelles étudiantes, quel avenir? Rapport N° 1778 Commission d’enquête assemblée nationale (Alain Tourret Président, Philippe Nauche Rapporteur) Deux tomes. 110 F (disponible en téléchargement sur le site internet de l’assemblée nationale sous format PDF ou sous format texte)

Des députés de droite avaient réclamé une commission d’enquête sur la MNEF, l’Assemblée nationale avait décidé d’une commission à l’objet élargi au mutualisme étudiant dans son ensemble. Les limites de la commission d’enquête – qui ne peut connaître des faits dont la justice est saisie – explique le peu de «révélations» du rapport, Continue reading ‘lecture: Alain Tourret, Philippe Nauche, rapport, Les mutuelles étudiantes, quel avenir?’

lecture : Anaïs Gérard, L’UNEF à Lyon, de mai 68 à la scission de 1971,

Anaïs Gérard, L’UNEF à Lyon, de mai 68 à la scission de 1971, histoire politique de l’UNEF à Lyon à la fin des années 60, Mémoire de fin d’études de l’IEP de Lyon, sous la direction d’Yves Lequin, septembre 1998, 131 p. + annexes.

Dans son mémoire, Anaïs Gérard analyse le mouvement étudiant lyonnais dans une de ses phases critiques, mai 68 et ses suites, débouchant notamment sur un éclatement du syndicat étudiant, de l’AGEL (Association Générale des Etudiants Lyonnais), un des foyers du renouveau syndical de l’UNEF à la Libération.

En prélude à cette étude, un panorama de la diversité militante du mouvement étudiant local à la veille de mai 68 est bien évidemment dressé : Continue reading ‘lecture : Anaïs Gérard, L’UNEF à Lyon, de mai 68 à la scission de 1971,’

biographie : Maurice Najman, Jacques Kergoat, Jiri Pelikan

Maurice Najman à la Mutualité

Maurice Najman à la Mutualité

Maurice Najman, Jiri Pélikan, Jacques Kergoat. En l’espace d’un trimestre, nous les avons perdu. Ils étaient peu ou prou liés aux mouvements de jeunes, mais ils étaient devenus pour moi trois amis. Maurice Najman venait d’avoir 50 ans. Je l’avais rencontré dans le courant des années 70, mais il s’avéra que nos familles, juives polonaises, se connaissaient depuis longtemps : dans leur ville de Radom, puis dans les camps de concentration et enfin dans l’exil parisien. Maurice était encore lycéen en 1966 quand il est exclu des jeunesses communistes où déjà son esprit critique tranchait avec le conformisme et le suivisme en vigueur. A l’initiative des Comités d’action lycéens qu’il crée avec ses camarades en 1967,  il en sera – avec Michel Recanati, héros du film de Romain Goupil « mourir à trente ans » – l’un des dirigeants en mai 1968. Déjà étudiant, Maurice participera après 68 à la vie de l’UNEF dans le courant « syndicaliste-révolutionnaire », dont l’ambition (et l’ambiguité) sera de maintenir un cadre syndical (contrairement au reste de l’extrême-gauche et du PSU) mais non « réformiste » ni « corporatiste » (en opposition aux orientations de l’UEC et de l’AJS qui se partageront les restes de l’UNEF en 1971). Maurice était un marxiste non « orthodoxe », particulièrement attentif aux nouveaux mouvements sociaux : jeunes, femmes, qu’il considérait comme n’étant pas que des annexes subordonnées au « mouvement ouvrier » mais comme des groupes sociaux, des mouvements autonomes. Dans ses voyages de militant et de journaliste, dans le Chili de l’Unité Populaire ou en Pologne auprès du syndicat Solidarnosc, il s’attachait toujours à montrer les espaces de démocratie directe issus de la base tout comme il avait prôné le « contrôle lycéen et étudiant » dans les CAL puis l’UNEF. Maurice avait participé en 1969 au « comité du 5 janvier », en solidarité avec la Tchécoslovaquie occupée par les troupes du Pacte de Varsovie. La Tchécoslovaquie évoque

Jiri Pélikan. Au sein du GERME et parmi les anciens de l’UNEF, nous sommes plus nombreux à l’avoir connu. Ancien dirigeant des jeunesses et des étudiants communistes en Tchécoslovaquie, puis de l’Union internationale des étudiants, enfin oppositionnel, militant du « Printemps de Prague » et exilé à Rome après l’invasion soviétique en août 1968. Il partageait, depuis la « Révolution de velours » de 1989, sa vie entre Prague et Rome, où il est mort le 26 juin dernier à l’âge de 74 ans. C’est avec enthousiasme, sur un simple échange téléphonique et de fax, qu’il accepta de participer à nos 2° rencontres sur les internationales étudiantes en juin 1996. Depuis, nous sommes restés en contact et nous rencontrions régulièrement à chacun de mes voyages à Rome. Toujours chaleureux, malgré son état de santé, il me faisait découvrir un café, un restaurant proche de son domicile, Place du Panthéon.  Curieux de tout, aussi bien des nouvelles des anciens de l’UNEF qu’il connaissait, que des projets du GERME ou des archives de l’UIE comme de l’actualité politique en France il commentait l’actualité italienne ou tchèque. L’année dernière, il s’était enfin mis à écrire avec un ordinateur, délaissant sa vieille machine à écrire. C’est lors de cette dernière rencontre qu’il me remit son dernier livre Io, un esilio indigesto, publié en italien et commenté en France par nos Cahiers trimestriels.

Jacques Kergoat, adhérent de l’UNEF mais surtout du FUA au moment de la guerre d’Algérie, et dirigeant des Etudiants du PSU au début des années 60, nous a brutalement quittés à 60 ans d’une attaque cardiaque. Spécialiste de l’histoire du parti socialiste, il aida nombre d’étudiants dans leurs travaux sur ce courant, dont des travaux sur les jeunes et les étudiants socialistes. Président de RESSY (association de chercheurs et syndicalistes), il avait avec les deux UNEF et avec la collaboration du GERME permis le déroulement du colloque « 50 ans de syndicalisme étudiant » en avril 1996 à la Sorbonne. En tant que directeur de Politique la Revue, il avait insisté (et persévéré) pour organiser plusieurs débats sur la jeunesse et un dossier en 1997. Toujours partant (tôt le matin au téléphone comme tard le soir après une réunion) pour mettre des personnes et des groupes en contact autour d’un projet, d’une publication, il ne sera pas là pour mettre une dernière main aux actes du colloque de 1996 dont nous avions encore discuté peu avant son départ.

Robi Morder

Les Cahiers du Germe n° 11-12 1999,

Le Mouvement d’action syndicale; brève histoire d’un syndicat étudiant « anticapitaliste et autogestionnaire »

 LUTTES ETUDIANTES N° 1 1976Article publié dans La Revue de l’Université, n° 19, 1999.

Si « l’affaire MNEF » ramène vingt ans en arrière au « congrès de réunification » de l’UNEF-ID, l’on a tendance à ignorer cette organisation en privilégiant l’UNEF-US, l’OCI ou la LCR. Pourtant, il y eût une reflexion et une pratique tentant de synthétiser l’ancien syndicalisme au nouveau mouvement étudiant de l’après 68, se distinguant de la tradition UNEFienne comme des pratiques de l’extrême-gauche étudiante. Beaucoup entre dans l’histoire, mais beaucoup demeure d’actualité[1]….

Aux origines le MARC (Mouvement d’action et de recherche critique):

C’est aux lendemains de mai 68, alors que sévit la crise de l’UNEF, que certains de ses militants estimant qu’il faut saisir la chance des élections universitaires et voir ce qui est possible impulsent des listes sous des noms divers (MARC 200 à nanterre, BASE à sciences po Paris). Ils condamnent « l’irresponsabilité » de la direction UNEF, tout en refusant de suivre le courant « renouveau »  à cause de sa « conception corporatiste » et de son manque de démocratie.  D’autres équipes partagent cette volonté de participation « conditionnelle » aux élections tout en se situant dans une « voie socialiste », telle « U 70 » à Lyon. Dès janvier 1969 – c’est à dire après le congrès de Marseille du syndicat étudiant qui décide d’appeler au boycott des élections – ces groupes prennent acte de la « pluralité du syndicalisme étudiant » et refusent de « perdre du temps et de l’énergie dans des luttes de tendances stériles au sein de l’UNEF ».[2] Continue reading ‘Le Mouvement d’action syndicale; brève histoire d’un syndicat étudiant « anticapitaliste et autogestionnaire »’

biographie : entretien avec Michel Péricard

Entretien avec Michel Péricard, par Didier Fischer, (16 septembre 1992). Publié dans Les Cahiers du Germe trimestriel n° 10, 1999.

Michel Péricard, décédé récemment, m’avait reçu dans sa mairie de Saint-Germain-en-Laye en septembre 1992. Il était visiblement heureux d’évoquer ses jeunes années. Pendant plus d’une heure, nous avions conversé librement. Si le lecteur avisé pourra prendre en défaut, sur quelques points, la mémoire de notre témoin, il faut reconnaître qu’il fut souvent précis dans ses réponses. En fait, autant qu’on pouvait l’être face aux questions naïves du doctorant que j’étais à l’époque. Ce document n’en constitue pas moins un apport précieux à cette histoire étudiante que nous essayons au GERME de tirer de l’oubli. J’ai souhaité conserver le style oral, beaucoup plus vivant. Il permet d’ailleurs de constater la grande maîtrise qu’avait Michel Péricard de ce type d’exercice. L’homme politique et de médias était au sommet de son art. C’était le deuxième entretien que je réalisais pour ma thèse. Je n’avais pas, quant à moi, encore acquis une grande expérience du genre. Ce fut pourtant, grâce à l’indulgence de Michel Péricard, un véritable plaisir. Continue reading ‘biographie : entretien avec Michel Péricard’