lecture : Caroline Barrera, Etudiants d’ailleurs. Histoire des étudiants étrangers, coloniaux et français de l’étranger de la Faculté de droit de Toulouse (19e siècle-1944)

Caroline BARRERA, Etudiants d’ailleurs. Histoire des étudiants étrangers, coloniaux et français de l’étranger de la Faculté de droit de Toulouse (19e siècle-1944), Albi, Presses du Centre universitaire Champollion, 2007, 240 p.

Les travaux historiques sur les facultés provinciales et sur les étudiants étrangers qui les ont fréquentées sont suffisamment rares pour qu’on remercie Caroline Barrera, enseignante au centre universitaire d’Albi, organisatrice du colloque « Etudier ailleurs, étudier malgré tout » (Toulouse, 4-5 octobre 2007) et proche du GERME, de s’être lancée dans l’étude des « étudiants d’ailleurs » (étrangers et coloniaux) à la faculté de droit de Toulouse du 19e siècle à 1944. On peut regretter qu’elle n’ait consacré son étude qu’à une seule faculté toulousaine, celle de droit. Caroline Barrera s’en explique en précisant que cet établissement est la plus importante faculté de province et que les étrangers y sont très présents. Mais surtout les archives de la faculté de droit sont  exceptionnellement riches, en comparaison avec celles de nombreux établissements universitaires. Continue reading ‘lecture : Caroline Barrera, Etudiants d’ailleurs. Histoire des étudiants étrangers, coloniaux et français de l’étranger de la Faculté de droit de Toulouse (19e siècle-1944)’

lecture: Camilo Argibay, La MNEF, une école du pouvoir

ARGIBAY, Camilo, La MNEF, une école du pouvoir, mémoire de master « sciences des sociétés et de leur environnemen », option sciences politiques, IEP Lyon, 2005, Professeur Renaud Payre (dir). La Mutuelle nationale des étudiants de France, et plus globalement le mutualisme étudiant, ont fait l’objet de peu d’études universitaires : nous avions la thèse de Jacques-Antoine Gau, œuvre juridique dont la première partie intéresse la génèse, et bien plus modestement notre article publié dans les Cahiers du Germe, qui avait comme simple ambition de stimuler de nouvelles recherches en la matière. Continue reading ‘lecture: Camilo Argibay, La MNEF, une école du pouvoir’

biographie : Rene Remond. l’histoire au risque du refoulement !

REMOND René (1918-2007) : Il faisait son entrée dans la salle du séminaire de maîtrise de l’UFR d’histoire de l’université de Nanterre selon un rituel invariable. Jean-François Sirinelli et Pascal Ory, ses assistants, le suivaient à quelques pas. Sa silhouette élancée se glissait entre le mur et la rangée de tables dans un mouvement légèrement chaloupé. A mesure que ce cortège des maîtres progressait, le silence se faisait parmi nous. Nous nous gardions bien néanmoins de nous lever. Le mandarinat n’avait-il pas pris fin avec les événements de Mai 68 ? Il s’asseyait au centre entre ses deux assistants, qui par déférence, attendaient qu’il soit assis pour s’asseoir à leur tour. La séance pouvait alors commencer par quelques mots prononcés à notre adresse. Continue reading ‘biographie : Rene Remond. l’histoire au risque du refoulement !’

biographie: Jean-Marie Lustiger

LUSTIGER Jean-Marie (1926-2007). Jean Marie Lustiger est décédé le 5 août 2007 à Paris.  Ayant joué un rôle dans le mouvement étudiant, nous nous bornerons donc dans cette notice à – quasiment – cet unique aspect, sans retracer l’ensemble de sa vie. Aaron (de son premier prénom) Lustiger naît  en 1926 dans le douzième arrondissement de Paris, de parents juifs provenant de la frontière Pologne/Silesie ayant immigré à Paris vers 1918. Ils ont également une fille, et ils tiennent un magasin de bonneterie dans le dix-huitième arrondissement et n’ont pas de pratique religieuse.  Il suit des études secondaires au lycée Montaigne, au Quartier Latin. Après un premier exode à Orléans il se convertit au christianisme 1940. Sa mère est déportée (dénoncée comme juive par un voisin). Après son bac en 1943, il passe clandestinement la ligne démarcation pour rejoindre père son à Decazeville, puis à Toulouse au printemps 1944 où il est intégré dans un groupe de jeunes résistants proche de Témoignage Chrétien. Continue reading ‘biographie: Jean-Marie Lustiger’

lecture : Joan Taris, De l’engagement à l’entreprise, la création et le développement de la Société mutualiste des étudiants du Sud-ouest (1971-1993)

Joan Taris, De l’engagement à l’entreprise, la création et le développement de la Société mutualiste des étudiants du Sud-ouest (1971-1993). Mémoire de Master recherche « histoire et théorie du politique », FNSP/IEP Paris, Dir. Claire ANDRIEU, septembre 2007.

C’est une nouvelle pierre à l’édifice de la recherche sur la mutualité étudiante. Dans son mémoire, Joan Taris revient sur la naissance et le développement  d’une des neufs mutuelles étudiantes régionales créées au cours de l’année 1971 pour concurrencer la MNEF. Continue reading ‘lecture : Joan Taris, De l’engagement à l’entreprise, la création et le développement de la Société mutualiste des étudiants du Sud-ouest (1971-1993)’

biographie :Luc Barret

Né le 18 mars 1945 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine) ; ingénieur agronome ; dirigeant local (1964-1965, 1966-1967) et national (1965-1966, 1968-1969) de l’UNEF, il en est président en 1969 ; membre du PSU de 1961 à 1974 ; membre du bureau de la fédération de l’Hérault du PSU, de 1968 à 1974. Continue reading ‘biographie :Luc Barret’

biographie : René Maurice

René Maurice est décédé brutalement le 18 août 2005, à l’âge de 55 ans. Fils d’une famille nombreuse de Bretagne, il est à Paris au lycée Balzac en 1968 où il est actif, puis s’inscrit après le lycée à l’Université de Nanterre. D’abord engagé dans la JOC, il rejoint l’UEC. Membre de l’UNEF, il participe au courant “ renouveau ”. Après la scission de 1971, il devient secrétaire général puis Président de l’UNEF (dite renouveau) de 1973 à 1976. Il est ainsi parmi les leaders étudiants importants de la grève générale des universités du printemps 1976, à la suite de laquelle il rédige un livre : L’Unef, ou le pari étudiant, paru aux éditions sociales et préfacé par Jean-Luc Mano.
Il devient ensuite journaliste à L’Ecole et la Nation, et un temps membre de la commission école du PCF. Continue reading ‘biographie : René Maurice’

biographie: Roger Barralis

Né le 1er août 1945 à Cannes (Alpes-Maritimes) ; dirigeant local (1963-1966), puis national (1968-1969) de l’UNEF ; membre du PSU de 1966 à 1986 ; secrétariat national étudiant du PSU en 1966-1967 ; permanent du PSU en 1967 et en 1971 ; membre du bureau national du syndicat CGT de l’ONIC de 1975 à 1983. Continue reading ‘biographie: Roger Barralis’

1946: le congrès et la charte de Grenoble

congres unef 46 salle grenoble

Une séance du congrès de 1946

Publié in Robi Morder (coord), Naissance d’un syndicalisme étudiant, 1946 la charte de Grenoble, col. Germ, Syllepse, 2006

Si d’une manière générale les anniversaires et commémorations sont maniés avec précaution par l’historien, qui peut toujours y soupçonner des risques de mystification plus ou moins consciente, il est particulièrement délicat d’analyser les supposés tournants dans l’histoire du mouvement étudiant, car la faiblesse de la tradition mémorielle, aggravée parfois par le caractère imaginaire de celle-ci mène souvent à en majorer la portée.De ce point de vue, je dois me reprocher d’avoir, lors d’une étude déjà ancienne[1], renvoyé dans les ténèbres d’une «préhistoire» balbutiante du mouvement étudiant la période antérieure à 1946 ; c’était reprendre sans critique, voire amplifier, la grille de lecture proposée par un ouvrage qui fut dans les années 1950 et 1960 la bible des syndicalistes de l’UNEF, et qui distinguait trois âges successifs du mouvement étudiant : l’âge folklorique jusqu’à 1918, l’âge corporatiste jusqu’en 1945, enfin l’âge syndical[2]. On notera que ces ruptures proposées coïncident avec les grandes scansions de l’histoire nationale que constituent les lendemains de guerre. Dans un article sur les facteurs de continuité et de discontinuité dans l’évolution du mouvement étudiant, un sociologue américain avait noté que les discontinuités l’emportaient lorsque les lendemains de conflits mènent à la recherche d’un nouveau rôle pour les étudiants dans la société.[3] De fait, en France, le lendemain de la Première Guerre mondiale avait vu un certain renouvellement des fonctions de l’UNEF, et on avait parlé d’AGE «régénérées» par les étudiants anciens combattants.C’est donc bien l’effectivité de la rupture que constituent le congrès de Grenoble et la charte qui y est votée en 1946 Continue reading ‘1946: le congrès et la charte de Grenoble’

Témoignage, 1946. Paul Bouchet. La charte de Grenoble: texte et contexte

bureau ag lyon fonds bouchet

Bureau de l’AGE de Lyon. Paul Bouchet est au premier rang, quatrième à partir de la gauche. Fonds Paul Bouchet / Cité des mémoires étudiantes

Ce texte est issu des interventions prononcées lors du colloque du GERME du 20 mai 1995 et du colloque RESSY – UNEF – UNEF ID du 13 avril 1996. Revu par l’orateur pour la publication de Naissance d’un syndicalisme étudiant, la charte de Grenoble 1946, Syllepse, 2006..

Nos témoignages, à Pierre Rostini et moi-même, se complètent mais ne concordent pas toujours. Cela s’explique. Nous ne sommes pas intervenus au même moment, ni au même niveau. Pierre, c’est lui qui a fait la transition. Et en 1945 il est là.

Je suis arrivé à l’AG de Lyon après la Libération. Ce que je dis sur son histoire, c’est ce que j’ai appris après coup. Précisément l’AG de Lyon est donc donnée comme une des AG qui était donnée comme « collabo ». On avait mis un président provisoire pour prendre la place d’un pré­sident, arrêté, qu’on peut peut-être qualifier de « collabo », pas au sens où il est allé jusqu’au bout, mais en tout cas il était très « vichyssois ». Mais il faut savoir que dans la même AG, la corpo de let­tres était animée par Gilbert Dru, as­sassiné par l’occupant Place Bellecour. En droit, le président était véritablement d’une tradition très à droite, longtemps très proche de Vichy, mais il était de ceux qui n’ont pas été collabos. Le vice-président de la corpo était lui d’une famille juive, il a fait de la résistance. On retrouvait dans les facs ce que je viens de dire au niveau de l’AG. Ce contre quoi il faut mettre en garde, comme d’ailleurs contre tous les mani­chéismes de cette pé­riode, c’est contre les simplismes, ce qui amène à ne juger que parcellai­rement les choses. C’est dire avec quel plaisir on voit la qualité des recher­ches. Il faut encore ap­profondir, repérer, reve­nir aux documents. Pour tout le reste, la mémoire enjolive.

J’interviens pour la première fois quand les amis de la Résistance me traînent à l’AG. Je ne savais pas où c’était l’AG. Continue reading ‘Témoignage, 1946. Paul Bouchet. La charte de Grenoble: texte et contexte’