lecture, Louis Chauvel, Le destin des générations

Louis Chauvel, Le destin des générations, Structure sociale et cohortes en France au XXème siècle, Coll. Le lien social, PUF, 1998,  301 pages.

Bouleversements de la structure sociale, causes et conséquences : une approche en trois temps du « destin de générations. » Trois temps pour souligner les inégalités intergénérationnelles et nous en expliquer les raisons et les risques. Auparavant, Louis Chauvel s’attarde sur les notions. De quoi parle t’on lorsque l’on utilise la notion de génération ? Mot médiatique, voire gadgétique, il a pourtant un sens bien précis comme le souligne Karl Mannheim (Le problème des générations, 1928) et le rappelle Olivier Galland (Sociologie de la jeunesse, 1997) ou d’autres. En fait, la notion de génération peut être comprise de trois manières : généalogique, historique (conscience d’une appartenance commune) et sociologique . C’est ce dernier sens qui intéresse Louis Chauvel. Continue reading ‘lecture, Louis Chauvel, Le destin des générations’

lecture: Gérard Filoche, 68-98 histoire sans fin, Thierry Jonquet, Rouge c’est la vie

Gérard Filoche  68-98 histoire sans fin Flammarion 1998. – Thierry Jonquet Rouge c’est la vie Seuil 1998

Pour le 30ème anniversaire de mai 68, voici deux ouvrages autobiographiques. Si je les traite ensemble, c’est que les auteurs présentent des points communs : ils ont été militants d’extrême-gauche, membres de la Ligue communiste (devenue LCR après 1974) et militants actifs des mouvements étudiant et lycéen des années soixante et soixante-dix. L’intérêt du traitement commun tient surtout à ce qu’ils révèlent – malgré la faible différence d’âge (quelques années à peine) – de la rapide rotation des générations lycéennes et étudiantes. En effet, l’un (Filoche) s’engage bien avant mai 68, milite à l’UEC et au PCF, s’en fait exclure et adhère à la JCR. Il sera un des responsables jeunes et étudiants de la LCR. C’est après mai 68 que Thierry Jonquet, lycéen, s’engage d’abord à Lutte Ouvrière puis à la LCR en 1972. Continue reading ‘lecture: Gérard Filoche, 68-98 histoire sans fin, Thierry Jonquet, Rouge c’est la vie’

lecture: Joël Kotek, La jeune garde. La jeunesse entre KGB et CIA (1917-1989)

Joël Kotek, La jeune garde. La jeunesse entre KGB et CIA (1917-1989), Paris, Seuil, 1998.

En 1966, le magazine californien Rampart révèle que des liens étroits existent entre l’Union nationale des étudiants des Etats-Unis et la CIA. En fait, les services secrets américains financent une partie des organisations de jeunesse du monde libre. Tout l’intérêt du livre de Joël Kotek est de démontrer que la clef de cet interventionnisme américain dans le monde des jeunes et des étudiants réside en fait dans la politique de noyautage systématique mise en place par les Bolchéviques dès 1919. Cette thèse a le mérite d’éclairer soixante-dix ans de relations Est/Ouest au prisme des relations internationales des étudiants et des jeunes. Continue reading ‘lecture: Joël Kotek, La jeune garde. La jeunesse entre KGB et CIA (1917-1989)’

lecture: Raoul Marmoz, Syndicalisme étudiant et insertion professionnelle (le parcours d’anciens dirigeants de l’Unef-id)

Raoul MARMOZ, Syndicalisme étudiant et insertion professionnelle (le parcours d’anciens dirigeants de l’Unef-id), Mémoire de DEA de Sciences sociales « Cultures et comportements sociaux », sous la direction de Monique Hirschhorm, Université Paris V, septembre 1998, 120 pages.

Que deviennent-ils ? C’est une question que l’on se pose régulièrement au sujet des militants et à laquelle certains essayent de répondre. Les dictionnaires de militants, tels que le Maitron et le Dictionnaire biographique des militants – XIXème-XXème siècles,, réalisé par Geneviève Poujol et Madeleine Romer ( L’Harmattan, 1996), en sont un exemple. Concernant les militants syndicaux, nous disposons ça et là d’indications sur leur devenir professionnel : Alain Monchablon dans son Histoire de l’Unef, Hamon et Rotman dans Génération. Et puis, il y a ceux que l’on croise, ceux dont on connaît le parcours syndical et professionnel, et dont on devine comment le premier a parfois permis le second. Continue reading ‘lecture: Raoul Marmoz, Syndicalisme étudiant et insertion professionnelle (le parcours d’anciens dirigeants de l’Unef-id)’

lecture: Jean-François Muracciole, Les Enfants de la defaite, la Résistance, l’éducation et la culture

Jean-François Muracciole,  Les Enfants de la defaite, la Résistance, l’éducation et la culture, Paris, FNSP 1998, 371 p, 196 F.

Les enfants de la défaite, ce sont les jeunes générations d’après 1940; elles sont étudiées par J.F. Muracciole non pas telles qu’elles vécurent  l’occupation et la résistance, mais comme enjeu de la reformation de la société française à la Libération selon les projets de la résistance. Et bien sûr l’éducation et l’enseignement (deux parties distinctes des trois grandes divisions de l’ouvrage) sont l’essentiel de cette régénération de la société.

L’étude est à la fois minutieuse, puisant à de multiples sources pour analyser les projets et les débats de la Résistance, et axée sur une perspective large puisqu’elle entend interroger une continuité en matière éducative (lato sensu) entre les années trente et les années soixante-dix. L’idée centrale est en effet que les réflexions menées à Londres puis à Alger et dans la clandestinité hexagonale ont orienté les choix de la IVe et aussi de la Ve République en matière éducative, culturelle et de politique de la jeunesse. Continue reading ‘lecture: Jean-François Muracciole, Les Enfants de la defaite, la Résistance, l’éducation et la culture’

lecture : Didier Fischer, Contribution à une histoire socio-culturelle et politique du milieu étudiant.

Soutenance de thèse. Le 18 décembre 1998, Didier FISCHER a obtenu devant un jury présidé par René REMOND, et composé outre de Jean-Jacques BECKER, son directeur de thèse, de Gilles LE BEGUEC, Philippe LEVILLAIN, Christophe POURCHASSON, et Jean-François SIRINELLI, le titre de Docteur d’Etat avec mention très honorable et félicitations du jury. Dans la salle des thèses de Nanterre, des amis, des anciens (dont Pierre ROSTINI, Président de l’AAUNEF) et, bien entendu, nous étions plusieurs du GERME présents pour soutenir dans sa soutenance notre ami. Qu’il reçoive ici également nos félicitations et, en attendant de pouvoir à notre tour lire les 800 pages, et continuer les discussions autour des questions soulevées ce vendredi matin (et d’autres questions) nous publions ici le texte de l’introduction de la soutenance.

(texte publié dans Les Cahiers du Germe trimestriel n° 9, 1998; Continue reading ‘lecture : Didier Fischer, Contribution à une histoire socio-culturelle et politique du milieu étudiant.’

lecture : TRACES, actes du colloque « Passé, présent du mouvement étudiant »

TRACES ACTES DU COLLOQUE «PASSÉ/PRÉSENT DU MOUVEMENT ÉTUDIANT» (15-16 MAI 1997). Edité par l’association TRACES (137, bd St Michel75005). Rendez-vous étudiant à Charléty! C’était pour deux journées studieuses et calmes. Parmi les  diverses dépenses  les plus justifiées de la MNEF, il faut assurément citer l’organisation du colloque tenu les 14 et 15 mai 1997 à l’occasion des 90 ans de l’UNEF,  à l’initiative de Traces Etudiantes, et de l’association des anciens de l’UNEF. Il y a été peu question de la MNEF en elle-même, mais du mouvement étudiant dans son ensemble.  Les actes en ont été publiés au début 1998.

L’intitulé du colloque, «Passé/présent du mouvement étudiant» était doublement significatif. D’une part du fait qu’y participèrent aussi bien des «anciens», témoins d’un passé plus ou moins proche ( en particulier P. Bouchet, L. Laisney, P. Rostini), qui se sont refusés aux exhortations pour le présent et l’avenir, que les dirigeants du moment des associations étudiantes pour une fois réunis (FAGE, UNEF, UNEF-ID, UNI), et que des observateurs (historiens, politistes, sociologues) du mouvement étudiant, parmi lesquels les représentants du GERME. Continue reading ‘lecture : TRACES, actes du colloque « Passé, présent du mouvement étudiant »’

lecture : Fabienne Guimont, Les étudiants africains en France (1950-1965)

Fabienne GUIMONT Les étudiants africains en France (1950-1965) L’Harmattan 1998. Si l’on dispose de nombreux travaux sur les statistiques et la sociologie des étudiants d’Afrique noire en France, par contre peu de travaux concernaient l’organisation de ces étudiants et les rapports qu’elles entretenaient avec les institutions étatiques (tant française qu’africaines), à l’exception de quelques témoignages (C. DIANE La FEANF et les grandes heures du mouvement syndical étudiant noir L’Harmattan 1990 et S. TRAORE La FEANF L’Harmattan 1985). La FEANF est crée en 1950 sur la base d’un terreau associatif déjà ancien (existaient plusieurs associations d’étudiants africains).

Grâce à l’accès aux archives (décrites dans ce numéro des Cahiers), Fabienne GUIMONT a pu mener une recherche qui comble nombre de lacunes. Certes, ce «chantier» demeure encore largement inachevé, mais l’auteur a le mérite de mettre en parallèle l’évolution des organisations d’étudiants africains en France et celle des politiques des Etats (de la France d’abord comme puissance coloniale, puis des nouveaux états indépendants issus de la décolonisation). En effet, la création de ces nouveaux Etats marque un tournant pour les associations d’étudiants africains. Continue reading ‘lecture : Fabienne Guimont, Les étudiants africains en France (1950-1965)’

lecture : Jean-Quentin Poindron, L’Union des Grandes Écoles. Une organisation d’étudiants dans les années cinquante et soixante

Jean-Quentin POINDRON L’Union des Grandes Écoles. Une organisation d’étudiants dans les années cinquante et soixante Maîtrise d’histoire (Dir. Jacques Girault) Université Paris XIII 1998 186 p. + annexes 30 p. Grandes écoles et syndicalisme, étonnant (ou détonnant) couple au sujet duquel Jean-Quentin Poindron nous dit tout. Travaillant à partir d’archives qui visiblement étaient vouées à finir à la poubelle, il tente de nous présenter ce que fût l’Union des Grandes Écoles. Associer les grandes écoles au syndicalisme peut surprendre. Et pourtant, les nantis de l’école ou la «noblesse d’État», ont aussi leurs revendications, et non des moindres, celle de rester ensemble, de faire corps afin de ne pas se reproduire. Barricades de noms prestigieux.

1947, l’Union des Grandes Écoles se crée indépendamment de l’UNEF, avec pour principal objectif de constituer un «esprit grande école», profitable à l’ensemble des formations «jusque là repliées sur elles-mêmes». Pourquoi indépendamment de l’UNEF qui avait invité chacune d’elles à la rejoindre ? Parce qu’elles y étaient représentées en tant qu’école et non en tant que groupe, que corps. Ne pas se déplier trop vite. Il fallait donc qu’elles gardent leurs spécificités, qu’elles cultivent la coupure entre elles et l’université. Continue reading ‘lecture : Jean-Quentin Poindron, L’Union des Grandes Écoles. Une organisation d’étudiants dans les années cinquante et soixante’

lecture : Olivier Bianchi, L’AGEC-UNEF 1946-1971 : Mutation universitaire et mutation syndicale

Olivier BIANCHI L’AGEC-UNEF 1946-1971 : Mutation universitaire et mutation syndicale DEA Science Politique. 252 p (dont annexes). Dir Agnès Roche. Clermont-Ferrand 1997. Ce travail prend la suite de la thèse de Jean-Yves Sabot (Le syndicalisme étudiant et la guerre d’Algérie publié chez l’Harmattan) puisqu’il aborde l’étude du syndicalisme étudiant par «le prisme du local». La période historique étudiée à Clermont est plus vaste. Sabot avait étudié les AGE de Dijon et Grenoble pendant la guerre d’Algérie, Bianchi part de l’après-guerre (1945) et achève son étude en 1971, dates significatives puisque l’on part de la Charte de Grenoble pour aboutir un quart de siècle plus tard à la dernière scission de l’UNEF «syndicale». Bianchi a utilisé un corpus délimité : celui des membres des bureaux d’AGE, soit 287 individus recensés au bureau des associations à la Préfecture. 170 ont pu être localisés, 29 ont répondu à un questionnaire et 11 ont participé à un entretien avec l’auteur (le questionnaire et les entretiens figurent en annexe). Continue reading ‘lecture : Olivier Bianchi, L’AGEC-UNEF 1946-1971 : Mutation universitaire et mutation syndicale’