Premier numéro du journal des CAL, mai et juin 1968
Des lycéens en mouvement au(x) mouvement(s) lycéens : de la dépendance à l’autonomie.
D’abord, il conviendra de définir l’objet « mouvement lycéen », sans tomber dans le piège de l’anachronisme. Le lycéen du dernier tiers du XX° siècle n’est pas celui de la troisième république, et ne peut être assimilé avec l’élève de lycée du XIX°, facilement intégré (comme l’étudiant) dans la “ jeunesse des écoles ”. Il y a t’il – selon qu’on dégage une continuité ou non – un seul objet, ou plusieurs, selon les périodes ? il faut en tout état de cause examiner sous toutes ses coutures l’élève de l’enseignement secondaire, ce que le colloque « Lycées et Lyéens en France » a commencé à faire.
Des lycéens en action, et parfois nombreux, il y en a eu, et ce dès le XIX° siècle. Mais un mouvement lycéen ? Dès qu’il s’agit de nommer non les individus mais la collectivité, c’est le vocable étudiant qui est d’abord utilisé, comme s’il s’agissait du seul légitime. Ainsi, par exemple, la « manifestation étudiante » du 11 novembre 1940 à l’Etoile est à 80-90% composée de lycéens[2], et chaque année, l’association « Mémoire des Etudiants Résistants » en célèbre l’anniversaire devant le monument des six lycéens fusillés du lycée Buffon. Pendant la guerre d’Algérie, des actions (et affrontements) ont lieu dans les lycées, mais c’est de l’UNEF et des étudiants qu’il est fait état en tant que groupe social, tant dans l’histoire “ mythique ” véhiculée par les organisations, que dans la recherche scientifique elle-même[3].
De grandes mobilisations d’élèves de l’enseignement secondaire vont ponctuer ce dernier tiers du siècle en deux grandes vagues, celle des “ années 1968 ” et celle postérieure au mouvement “ Devaquet ”. Continue reading ‘Les comités d’action lycéens’