Le « long mai » des soixante-huitards ordinaires (et de leurs enfants). A propos de Julie Pagis, Mai 68, un pavé dans leur histoire. Évènements et socialisation politique, Paris, Presses de Sciences Po, coll.« Sociétés en mouvement », 2014, 307 p., bibliographie, annexes.
« Qui sont celles et ceux qui ont fait Mai 68? Pourquoi et comment leur trajectoires individuelles sont-elles alors entrées en résonance avec l’histoire? Le cours de leur existence en a-t-il été dévié? En portent-ils encore aujourd’hui les marques? Leurs enfants en ont-il hérité? » C’est à partir de ce questionnement multiple (p.14), pouvant être résumée dans une problématique mettant en relation l’évènement et la socialisation politique, que Julie Pagis, chercheuse au CNRS et fille d’agriculteurs néo-ruraux[1], mène une enquête d’ampleur auprès de ceux et celles qu’elle qualifie de « soixante-huitards ordinaires » (p.17).
Loin des représentations médiatiques dominantes, faisant état d’une « génération opportuniste, bien reconvertie, occupant des postes de pouvoir dans les champs politique, médiatique et littéraire, et humainement convertie au libéral-libertarisme » (p.17), l’auteure questionne tout d’abord la pertinence du prisme générationnel pour décrire les protagonistes du Mai français : il s’agit pour elle de « déconstruire la catégorie génération soixante-huitarde par la mise en évidence empirique de différentes micro-unités de génération, irréductibles à une interprétation univoque » (p.18). S’en suit un raisonnement Continue reading ‘lectures. Julie Pagis, Mai 68, un pavé dans leur histoire: Évènements et socialisation politique’