biographie: Roger Barralis

Né le 1er août 1945 à Cannes (Alpes-Maritimes) ; dirigeant local (1963-1966), puis national (1968-1969) de l’UNEF ; membre du PSU de 1966 à 1986 ; secrétariat national étudiant du PSU en 1966-1967 ; permanent du PSU en 1967 et en 1971 ; membre du bureau national du syndicat CGT de l’ONIC de 1975 à 1983. Continue reading ‘biographie: Roger Barralis’

1946: le congrès et la charte de Grenoble

congres unef 46 salle grenoble

Une séance du congrès de 1946

Publié in Robi Morder (coord), Naissance d’un syndicalisme étudiant, 1946 la charte de Grenoble, col. Germ, Syllepse, 2006

Si d’une manière générale les anniversaires et commémorations sont maniés avec précaution par l’historien, qui peut toujours y soupçonner des risques de mystification plus ou moins consciente, il est particulièrement délicat d’analyser les supposés tournants dans l’histoire du mouvement étudiant, car la faiblesse de la tradition mémorielle, aggravée parfois par le caractère imaginaire de celle-ci mène souvent à en majorer la portée.De ce point de vue, je dois me reprocher d’avoir, lors d’une étude déjà ancienne[1], renvoyé dans les ténèbres d’une «préhistoire» balbutiante du mouvement étudiant la période antérieure à 1946 ; c’était reprendre sans critique, voire amplifier, la grille de lecture proposée par un ouvrage qui fut dans les années 1950 et 1960 la bible des syndicalistes de l’UNEF, et qui distinguait trois âges successifs du mouvement étudiant : l’âge folklorique jusqu’à 1918, l’âge corporatiste jusqu’en 1945, enfin l’âge syndical[2]. On notera que ces ruptures proposées coïncident avec les grandes scansions de l’histoire nationale que constituent les lendemains de guerre. Dans un article sur les facteurs de continuité et de discontinuité dans l’évolution du mouvement étudiant, un sociologue américain avait noté que les discontinuités l’emportaient lorsque les lendemains de conflits mènent à la recherche d’un nouveau rôle pour les étudiants dans la société.[3] De fait, en France, le lendemain de la Première Guerre mondiale avait vu un certain renouvellement des fonctions de l’UNEF, et on avait parlé d’AGE «régénérées» par les étudiants anciens combattants.C’est donc bien l’effectivité de la rupture que constituent le congrès de Grenoble et la charte qui y est votée en 1946 Continue reading ‘1946: le congrès et la charte de Grenoble’

Témoignage, 1946. Paul Bouchet. La charte de Grenoble: texte et contexte

bureau ag lyon fonds bouchet

Bureau de l’AGE de Lyon. Paul Bouchet est au premier rang, quatrième à partir de la gauche. Fonds Paul Bouchet / Cité des mémoires étudiantes

Ce texte est issu des interventions prononcées lors du colloque du GERME du 20 mai 1995 et du colloque RESSY – UNEF – UNEF ID du 13 avril 1996. Revu par l’orateur pour la publication de Naissance d’un syndicalisme étudiant, la charte de Grenoble 1946, Syllepse, 2006..

Nos témoignages, à Pierre Rostini et moi-même, se complètent mais ne concordent pas toujours. Cela s’explique. Nous ne sommes pas intervenus au même moment, ni au même niveau. Pierre, c’est lui qui a fait la transition. Et en 1945 il est là.

Je suis arrivé à l’AG de Lyon après la Libération. Ce que je dis sur son histoire, c’est ce que j’ai appris après coup. Précisément l’AG de Lyon est donc donnée comme une des AG qui était donnée comme « collabo ». On avait mis un président provisoire pour prendre la place d’un pré­sident, arrêté, qu’on peut peut-être qualifier de « collabo », pas au sens où il est allé jusqu’au bout, mais en tout cas il était très « vichyssois ». Mais il faut savoir que dans la même AG, la corpo de let­tres était animée par Gilbert Dru, as­sassiné par l’occupant Place Bellecour. En droit, le président était véritablement d’une tradition très à droite, longtemps très proche de Vichy, mais il était de ceux qui n’ont pas été collabos. Le vice-président de la corpo était lui d’une famille juive, il a fait de la résistance. On retrouvait dans les facs ce que je viens de dire au niveau de l’AG. Ce contre quoi il faut mettre en garde, comme d’ailleurs contre tous les mani­chéismes de cette pé­riode, c’est contre les simplismes, ce qui amène à ne juger que parcellai­rement les choses. C’est dire avec quel plaisir on voit la qualité des recher­ches. Il faut encore ap­profondir, repérer, reve­nir aux documents. Pour tout le reste, la mémoire enjolive.

J’interviens pour la première fois quand les amis de la Résistance me traînent à l’AG. Je ne savais pas où c’était l’AG. Continue reading ‘Témoignage, 1946. Paul Bouchet. La charte de Grenoble: texte et contexte’

lecture : Laurence Viry, Le monde vécu des universitaires, ou La République des Egos

Laurence VIRY, Le monde vécu des universitaires, ou La République des Egos, PUR, Rennes, 2006. Ce livre, préfacé par Vincent de Gaulejac, est la version publiée d’une thèse en sociologie. Pour Laurence Viry, d’origine populaire comme elle le souligne dans l’introduction, l’université a  longtemps représenté « un lieu inaccessible ».  C’est ce « mystère » au sens de représentation éloignée de la réalité, qu’explore l’auteure, et plus particulièrement le monde des enseignants du supérieur, et ce qui contribue à en donner, ou non, une identité collective.

Ce sont les entretiens qui donnent la matière aux développements de l’ouvrage. Il s’agit de 43 Maîtres de conférences et professeurs, 7 membres du CNU, 11 docteurs en attente de poste, dont la liste est donnée (avec anonymat quand l’interrogé le désire) en annexe suivant des tableaux détaillant origine sociale, géographique, sexe, âge, statut, année d’entrée en fonction… Il s’agit d’enseignants en sciences humaines, donc pas de scientifiques, de juristes, d’économistes.

L’ouvrage est partagé en quatre parties : la méthode, les « épreuves instituées », la vie à l’université et enfin les scenarii. Continue reading ‘lecture : Laurence Viry, Le monde vécu des universitaires, ou La République des Egos’

lecture : Houari Mouffok, Parcours d’un étudiant algérien : de l’UGEMA à l’UNEA

Houari MOUFFOK, Parcours d’un étudiant algérien : de l’UGEMA à l’UNEA,  Bouchène, 1999, 90 pages. « Ces pages relatent le parcours d’un étudiant algérien, grandi dans l’injustice coloniale, conscientisé au combat libérateur, devenu communiste au gré d’un séjour d’étude en RDA, puis leader du mouvement étudiant à l’indépendance, arrêté puis torturé, après le coup d’Etat du 19 juin 1965 et qui tente ici, en réveillant sa mémoire, de reconstituer les fils d’une histoire qui a conduit beaucoup de jeunes algériens de son époque à « traverser le miroir ». Préface à l’ouvrage de Nourredine Saadi

Les ouvrages sur le Mouvement Etudiant Algérien (MEA) sont rares. Celui de Houari Mouffok apporte un témoignage de qualité sur 2 organisations étudiantes algériennes (l’Union Générale des Etudiants Musulmans Algériens et l’Union Nationale des Etudiants Algériens) et de manière plus globale sur la guerre de libération et l’indépendance de l’Algérie. Continue reading ‘lecture : Houari Mouffok, Parcours d’un étudiant algérien : de l’UGEMA à l’UNEA’

lecture: Jean-Louis Violeau, Les architectes et mai 68

Jean-Louis VIOLEAU, Les architectes et mai 68, Paris, Editions Recherches, 2005, 477p. Encore un nouveau pavé sur 68 ? Certes, mais celui-ci ne risque pas de faire pschitt ! Voilà un travail précis et approfondi sur la genèse et l’impact de mai 68 dans un milieu donné, celui des architectes. Et, au cœur de cette recherche, le système de formation de ces étudiants atypiques : la section architecture de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts (ENSBA), qui va éclater, après mai 68, en plusieurs « unités pédagogiques «, à Paris et en province, devenues écoles d’architectures dans les années 80. Voilà donc des étudiants, mais de Grande Ecole qui, en plus, ont un lien très fort avec leur profession future et son « Ordre « à l’image des étudiants en médecine ou en pharmacie !

En ayant choisi ce terrain pour sa thèse, dont est issu cet ouvrage, Jean-Louis Violeau nous offre un bel exemple de la richesse d’études de cas à multiplier sur le mouvement de Mai (cf. note de lecture sur l’ouvrage de Kristin Ross). Continue reading ‘lecture: Jean-Louis Violeau, Les architectes et mai 68’

lecture : Carole Lécuyer, Les étudiantes de l’Université de Paris sous la Troisième République,

Carole LECUYER, Les étudiantes de l’Université de Paris sous la Troisième République, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction de Michelle PERROT, Université Paris VII – Denis Diderot, Juin 1993, 251 pages + annexes. C’est sous la direction de Michelle Perrot, spécialiste de l’histoire du genre et des femmes, que Carole Lécuyer achève, en 1993, ses recherches sur les étudiantes de l’Université de Paris sous la Troisième République. Il en résulte un mémoire de maîtrise riche et extrêmement fouillé. Pour la première fois, les étudiantes de l’Université de Paris deviennent actrices de l’histoire à part entière. L’auteure dresse le portrait des étudiantes de cette époque, méconnues de nous, souvent méconnues de leurs contemporains et de leurs homologues masculins.

Cette étude fait le point sur les évolutions et les mutations du statut des étudiantes depuis Julie Daubié, première bachelière en 1861 jusqu’au années 1930. Continue reading ‘lecture : Carole Lécuyer, Les étudiantes de l’Université de Paris sous la Troisième République,’

lecture : Laurence Corroy, La presse des lycéens et des étudiants au 19ème siècle

Laurence CORROY, La presse des lycéens et des étudiants au 19e siècle, Paris, INRP, 2004, 280 p. (collection « Education, histoire, mémoire «). Partir dans les bibliothèques à la recherche des périodiques publiés au 19e siècle par un groupe social aussi porté à en créer que les étudiants relève, je le sais pour l’avoir pratiqué, d’un exploit notable. Il s’agit en effet de feuilles fragiles, éphémères et souvent anonymes. Comme l’écrit l’auteur d’une histoire des journaux parus en 1856 , ces titres, outre qu’ils sont « illisibles, malpropres, maculés «, ont une courte durée, changent souvent de titre, se combattent entre eux et parfois fusionnent, et ils ne tirent qu’à très peu d’exemplaires (il est d’ailleurs très difficile de connaître le chiffre des titrages de cette presse). C’est dire l’intérêt de la thèse de Laurence Corroy publiée par l’INRP en 2004. Le recensement qu’elle a effectué de ces feuilles de chou très humbles rendra de nombreux services, notamment parce que ces journaux constituent une source remarquable sur la vie et les opinions du milieu social qui les publie. Elle recoupe en grande partie la liste que j’en ai établie pour mon travail sur les étudiants à Paris au 19e siècle , et même la complète puisque l’auteure a pris en compte la presse « lycéenne « et les titres de province. Continue reading ‘lecture : Laurence Corroy, La presse des lycéens et des étudiants au 19ème siècle’

lecture: Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures

Kristin ROSS, Mai 68 et ses vies ultérieures, Bruxelles, Editions Complexe, 2005, 250 p. Publié à Chicago en 2002, traduit en français cette année grâce au Monde diplomatique, cet ouvrage s’intéresse aux « vicissitudes de la mémoire d’un événement politique de masse «, à savoir Mai 68 en France. Kristin Ross s’y attache à démonter les mécanismes de la construction médiatico-intellectuelle d’une « histoire officielle « de Mai 68, qui, à chaque commémoration, cherche à imposer la vision de l’événement comme manifestation principalement culturelle de la modernisation nécessaire de la France des années 60 ; décoder l’encodage « déshistoricisé et dépolitisé «. Continue reading ‘lecture: Kristin Ross, Mai 68 et ses vies ultérieures’

lecture: Julien Nogues. Les droites face au « problème de la jeunesse », Une histoire des années 1968 à 1974

NOGUES, Julien, Les droites face au « problème de la jeunesse », Une histoire des années 1968 à 1974, mémoire de sciences politiques, Sciences-Po Rennes, 4° année, sous la direction de Gilles Richard, 2003.

Si les relations entre la droite et la jeunesse à la fin des années soixante ont souvent été évoquées, aucune étude précise n’existait sur ce thème. Cette lacune, grâce au mémoire de Julien Noguès, est aujourd’hui réparée. L’auteur, loin de sombrer dans la facilité, traite avec nuance et rigueur d’un sujet beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Il démontre de manière convaincante que ce « problème de la jeunesse » n’est qu’une construction dont la résolution était devenu un enjeu politique essentiel. Continue reading ‘lecture: Julien Nogues. Les droites face au « problème de la jeunesse », Une histoire des années 1968 à 1974’