Soutenir la Cité des mémoires étudiantes, c’est aussi soutenir le Germe

6-decembre-2016

Panneau réalisé par la Cité des mémoires étudiantes avec le Germe pour la Ville de Paris. En mémoire de Malik Oussékine. 6 décembre 2016.

Le Groupe d’études et de recherche sur les mouvements étudiants qui a participé à la fondation de la Cité des mémoires étudiantes, soutient bien évidemment l’appel aux dons de cette unique structure dédiée aux archives et mémoires étudiantes.

Le Germe, les chercheurs, ont besoin d’aller à la source, aux sources (documents, témoignages, archives), et la Cité au travers de ses expositions et d’autres activités permet de valoriser la recherche, de faire comprendre son utilité.

La Cité contribue à la vie intellectuelle, matérielle du Germe, à le faire connaître ainsi que ses productions, de diverses manières:

– par la mise à disposition des sources,  la coopération et la coorganisation de séminaires, de colloques,

– par la diffusion des publications du Germe (collection Germe, Cahiers du Germe) tant en France qu’à l’étranger – lors de congrès internationaux d’archivistes, de visites de centres spécialisés, de musées étudiants, ou d’exposition. 

Alors oui, verser au fonds de dotation de la Cité en bénéficiant des déductions fiscales vous permet aussi d’aider le Germe

Robi Morder président du Germe

Suite : appel aux dons et modalités

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1896 : naissance des villes « universitaires » et des diplômes d’université

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Faculté des sciences de Marseille, plan Blavette, 1896.

La loi du 10 juillet 1896, constitue les facultés françaises en universités.Elle est précédée par  la loi du 28 avril 1893, qui crée les « corps de facultés » et dote les conseils généraux de facultés, fondés en 1885, de la personnalité civile, ce qui les rend aptes à recevoir des dons, legs et subventions privées.

Depuis l’institution de l’Université impériale en 1808, le système universitaire français est régi par plusieurs principes, dont certains sont loin d’avoir disparu. Il n’y a pas alors de création d’universités au sens contemporain du terme, mais de facultés constituées par disciplines (droit, médecine, sciences, lettres, pharmacie et … théologie). Les 16 villes qui accueillent alors ces facultés ne possèdent pas toutes l’ensemble de ces établissements, seule Paris étant dans ce cas au début du siècle. Ces facultés sont organisées verticalement, indépendamment les unes des autres, les facultés enseignant la même discipline n’étant que faiblement reliées entre elles. Le doyen est le patron de la faculté, assisté par un conseil de faculté, sous l’autorité des recteurs, eux-mêmes reliés directement au ministre, qui est assisté par le conseil supérieur de l’Instruction publique. L’Etat exerce donc une tutelle absolue sur les établissements universitaires. On est dans le système que les historiens appelleront après les réformes de la IIIe République la « République des facultés », système qui durera jusqu’à la loi Faure de 1968. L’université en tant que regroupement de facultés situées dans la même ville n’existe pas encore. Continue reading ‘1896 : naissance des villes « universitaires » et des diplômes d’université’

6 décembre 1986 – 6 décembre 2016 Malik Oussékine

Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, le jeune étudiant Malik Oussékine meurt rue Monsieur le Prince frappé à mort par les pelotons voltigeurs motorisés de la police chargés de « nettoyer » le Quartier latin lors des manifestations contre le projet de réforme Devaquet. 30 ans après, le 6 décembre 2016, deux moments pour se souvenir et commémorer le slogan « plus jamais ça ». Le matin à 10 h 45 un dépôt de gerbe par la mairie de Paris avec l’AAUNEF, et à 18 h 30 un rassemblement appelé par SOS racisme et David Assouline qui fit apposer en 2006, alors qu’il était adjoint à la vie étudiante, la plaque devant le 20 rue Monsieur le Prince. Un panneau de la Cité des mémoires étudiantes avec le Germe a été réalisé à cette occasion avec le concours de la Ville de Paris.

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DOSSIER : 1986-2016, les 30 ans du mouvement contre le projet de réforme Devaquet

montage-861986-2016 : Trente ans : l’espace d’une génération.

Le mouvement contre le projet de loi dit « Réforme Devaquet » de novembre-décembre 1986 s’est déroulé il y a trente ans. Trente ans c’est en général dans la société l’espace d’une génération, mais pour les étudiants le cycle des générations – ou des cohortes, est bien plus bref : 5 ans en général, à 10 ans même parfois. L’espace d’une génération au sens des démographes est donc celui de 5 à 6 générations étudiantes. Pour ceux qui ont vécu l’évènement – la discussion demeure ouverte pour savoir si l’on peut parler d’une « génération » Devaquet comme l’on parle d’une « génération 68 » ou « génération des tranchées » – le sentiment n’est évidemment pas le même que pour les cohortes ou générations suivantes pour qui il s’agit d’évènements de l’histoire et non de leur histoire individuelle. Et il faut prendre en compte la distinction entre militants et non militants, puisque pour les premiers ce sont aussi des enjeux collectifs, le mouvement étant une référence (ou contre-référence) identitaire de leurs organisations.

1986  dans le  « roman national étudiant » ?

A une moindre échelle que pour le « roman national » sans cesse réécrit, Devaquet serait-il un moment du « roman étudiant » comme le printemps 1968 ou le CPE de 2006 ? Et pourquoi alors 1973, 1976, 1984 (Savary), le LMD, peut-être la LRU ne rentrent pas dans ce roman ? Continue reading ‘DOSSIER : 1986-2016, les 30 ans du mouvement contre le projet de réforme Devaquet’

1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 5/ « Plus rien ne sera jamais comme avant » Génération 86? Les traces

baraka-janvier-1987Le mouvement étudiant de 1986 a une dimension internationale peu soulignée à l’époque. Face à des politiques universitaires allant dans le même sens, de fortes mobilisations étudiantes touchent l’Espagne, la Belgique, puis l’Italie, le Mexique. Même en Chine – sur d’autres thèmes – ce même hiver on fait référence au mouvement français Dans l’hexagone, à la sortie du mouvement certains caressent l’espoir d’une restructuration du mouvement étudiant, voire d’une régénération de la vie politique prenant en compte les aspirations et le répertoire d’action des jeunes. 

Un répertoire reproduit et réinventé dans une sociologie étudiante et militante particulière.

La masse en  mouvement est effectivement impressionnante et inédite.  Les autorités donnent le chiffre officiel de 1 576 manifestations réunissant 495 000 manifestants à Paris et 1 870 000 en province du 18 novembre au 10 décembre[1]. La « déferlante lycéenne » composaient entre les deux tiers et les trois quarts des cortèges. En France l’on avait connu un précédent, c’est le mouvement lycéen contre la Loi Debré (1973)[2] qui avait entraîné les étudiants et les jeunes élèves du technique, mais pour les jeunes, y compris les jeunes militants c’est lointain et… inconnu. La masse scolarisée est évidemment plus importante qu’en 1973, et qu’en 1976. La massification des manifestations est allée grandissant au cours des années 1980 Continue reading ‘1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 5/ « Plus rien ne sera jamais comme avant » Génération 86? Les traces’

1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 4/ Un autre 17 novembre, la déferlante

comme-un-raz-de-maree-une-du-matin-28-nov-1986Le 17 novembre 1986, la grève commence à Villetaneuse, puis Caen. En réalité, Limoges est déjà entrée en action, et une AG à Dijon a voté depuis octobre le principe de la grève. Le travail d’information mené depuis un mois par les opposants au projet Devaquet porte ses fruits, l’apparente passivité de la « bof generation » se convertit en déferlante…

marée montante et déferlante lycéenne

Pour forcer la majorité du Burau de l’UNEF ID « qui pense que le fruit n’est pas mûr »[1], l’AGE de Villetaneuse, a convoqué une assemblée générale le jeudi 13 novembre pour proposer la grève. L’AG vote la grève à compter du lundi 17 novembre, cette décision intervient juste avant la réunion du Bureau National de l’UNEF-ID du vendredi 14 et de la coordination convoquée à Caen pour le 15 novembre à laquelle assiste l’AGE de Villetaneuse. La grève entre en effet le lundi 17 novembre. L’assemblée générale réunit un millier d’étudiants, elle entend le compte-rendu de la coordination de Caen, des rencontres avec les groupes parlementaires PS, PCF (le RPR a refusé de recevoir la délégation) puisque plusieurs dizaines d’étudiants s’étaient rendus à l’Assemblée nationale pour rencontrer les groupes parlementaires. Villetaneuse constitue des délégations qui se rendent dans les autres universités parisiennes, Continue reading ‘1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 4/ Un autre 17 novembre, la déferlante’

Appels, motions et communiqués de la coordination nationale

assouline-zappiDans l’ordre chronologique nous commençons par les Etats généraux du 22 novembre 1986, qui convoqués par l’UNEF ID deviennent ceux du mouvement étudiant. Puis, les communiqués de la coordination nationale (il y en eût trois: 27 novembre, 6 au 7 décembre qui adopte une motion, un appel à la population et un communiqué) et enfin la coordination nationale des 11-12 décembre qui s’auto-dissout en appelant à des Etats généraux au printemps.Le bureau de la coordination communique trois fois: le 5 décembre après la manifestation et les violences policières de la veille, le 8 après l’annonce du retrait du projet par Jacques Chirac et le 9 sur l’organisation de la manifestation du 10 décembre. Enfin, le texte lu par David Assouline et Sylvia Zappi, porte-paroles de la coordination nationale (sur la photo) lors de la manifestation du 10 décembre.

Vous pouvez cliquer sur chacun des titres et avoir chaque texte en PDF, et aussi avoir ci-après l’ensemble des textes dans l’ordre chronologique. Continue reading ‘Appels, motions et communiqués de la coordination nationale’

1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 3/ Un travail militant (cultiver le terrain)

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Appel à la grève du 21 octobre 1986. Fonds UNEF ID. Cité des mémoires étudiantes.

Pour préparer les différentes initiatives des trente ans du mouvement contre la réforme Devaquet,  nous continuons le « feuilleton » dont le premier article était « 1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 1/ le printemps : du projet du GERUF au projet Devaquet » et le deuxième «2/ Retrait ou pas retrait, le collectif national de l’UNEF ID des 3 et 4 octobre 1986»

Côté institutionnel, le projet de loi suit son cours. Déposé le 11 juillet au Sénat, il devait y être discuté en ce début d’été. Mais le calendrier parlementaire est bousculé. Le projet suit un calendrier différé du fait de l’encombrement et des retards de l’ordre du jour parlementaire. Le projet Devaquet dès lors fait en premier lieu l’objet d’un débat les 23 et 24 septembre au Conseil économique et social qui après discussion du rapport de Jean-Louis Mandinaud , publie son avis, adopté par 168 voix contre 13 (groupe de la CGT) et 12 absententions (groupes de la CFTC et de la FEN) au Journal officiel du 29 septembre 1986. Le texte vient ensuite au Sénat le 28 octobre. Des amendements le durcissent et il est adopté en première lecture le 30 octobre.  Le passage à l’Assemblée nationale est prévu pour la fin novembre. L’on s’attend évidemment à des réactions, mais comme pour toute réforme. Alain Devaquet explique : « Je savais, depuis avril, qu’il y aurait des manifestations. Non par quelque don de double vue  mais parce que c’est une règle générale […] je pensais cependant que mon projet était raisonnable et que les manifestations resteraient maîtrisables, l’explication et le dialogue aidant »[1]. Continue reading ‘1986-2016, les 30 ans du mouvement Devaquet. 3/ Un travail militant (cultiver le terrain)’

« Le mouvement Devaquet » : quelques ressources à découvrir à la Cité des mémoires étudiantes

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Tract PSA 1986. Nouveau fonds : le recueil Arnaud Moyencourt.

30 ans après les nombreuses manifestations des étudiant.e.s et des lycéen.ne.s de novembre et décembre 1986, le mouvement contre le projet de loi dite loi Devaquet est bien un sujet qui mérite d’être étudié encore davantage ! (voir dossier « les 30 ans du mouvement contre la réforme Devaquet ») Si le mouvement fut important, quelles sont les ressources disponibles dans les archives classées et conservées à la Cité des mémoires étudiantes, y compris celles en cours de traitement par notre équipe ? Nous mettrons, d’abord, la focale sur deux fonds d’archives (Fonds UNEF ID et fonds Sorbonne (s) nouvelles) avant de présenter quelques témoignages oraux.

Le fonds de l’Unef-Indépendante et démocratique

Dans le cadre de la convention signée avec le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche (DEGESIP/ vie étudiante), la Cité a pu commencer le classement de ce fonds important tant quantitativement (100 ml) que qualitativement.

Il s’agit d’un dépôt de l’actuelle UNEF qui s’est fait en deux, voire trois temps : une partie du fonds est arrivée à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (Nanterre), en 1988-89, avec les fonds UNEF et UNEF-US ; une partie a été déposée, en 2007, auprès de la mission de préfiguration (ex-CAARME) de la Cité des mémoires étudiantes ; la dernière étant déposée auprès de la Cité, suite au déménagement de l’UNEF de ces locaux du boulevard de La Villette, en mars 2014. Continue reading ‘« Le mouvement Devaquet » : quelques ressources à découvrir à la Cité des mémoires étudiantes’

Grenoble 1946 : Héritage ? Succession ?

Logo 70 ans Charte de Grenoble 1946.2016Table-ronde du 15 avril 2016 pour les 70 ans de la charte de Grenoble. Cahiers du Germe n° 31, automne 2016.

Le thème que nous avions retenu pour cette table ronde du 15 avril était celui de l’actualité de la charte, en revenant sur quelques éléments, étant entendu que nous avons traité à plusieurs reprises d’autres aspects de la charte[1].Nous revenons ici évidemment sur certaines questions, apparues dans les présentations et échanges et Paul Bouchet y revient de façon plus développée.

1946 Naissance ou renaissance ?

J’avais intitulé l’introduction à Naissance d’un syndicalisme étudiant « naissance ou renaissance ». J’y reviens en ce 15 avril, me permettant une digression personnelle sur ma mère. Le 15 avril c’est la journée de la libération des camps et c’est le 15 avril 1945 que ma mère considérait comme sa deuxième date d’anniversaire, expliquant que le 15 avril 1945, jour où Bergen Belsen a été libérée, fut une renaissance. L’UNEF a un acte de naissance, le congrès de Lille de mai 1907[2]. Nous avons commémoré « cent ans de mouvements étudiants » en 2007[3], mais en 1996 l’on commémorait « 50 ans de syndicalisme étudiant » à l’occasion des 50 ans de la charte. C’est problématique car les générations étudiantes se succèdent rapidement, avec une mémoire partielle, voire partiale. Et pour la période 1939-1945 ce n’est pas seulement une succession routinière de générations étudiantes, cette succession est un renouvellement qui se fait dans un monde qui s’écroule d’abord, puis un nouveau monde qui renaît, en tous cas l’espoir d’un nouveau monde. Si on peut donc dire qu’il y bien une « renaissance » de l’UNEF après-guerre, c’est que la « vieille maison » est finalement acceptée en héritage, mais la nouvelle génération l’investit d’une mission syndicale. Continue reading ‘Grenoble 1946 : Héritage ? Succession ?’